Contexte
La consommation de cannabis dans la population générale a significativement augmenté ces dernières années ; cependant, la littérature scientifique ne dispose que de très peu d’informations sur les effets de la consommation chronique de cannabis sur l’anesthésie, ambulatoire tout particulièrement.
Objectif
Déterminer si les consommateurs chroniques de cannabis nécessitent une dose plus importante d’anesthésique que les non-consommateurs lors d’interventions ambulatoires avec sédation profonde ou anesthésie générale.
Conception de l’étude, cadre et échantillon
Une étude de cohorte rétrospective a été réalisée sur des patients subissant une sédation profonde ou une anesthésie générale à la clinique de chirurgie buccale et maxillo-faciale de l’Université d’Oklahoma, entre janvier et décembre 2022. Les critères d’inclusion étaient les suivants : une durée d’anesthésie comprise entre 15 et 40 minutes, l’utilisation de propofol, de fentanyl, de kétamine et de midazolam ainsi que l’extraction d’au moins deux dents. Les patients admis pour des interventions autres que des extractions sous sédation ont été exclus de l’étude.
Variable prédictive
Les patients ont été divisés en deux catégories en fonction de leur statut de consommation de cannabis : consommateurs et non-consommateurs. Un consommateur a été défini comme un patient ayant déclaré une utilisation régulière de cannabis.
Variables de résultats
La dose d’anesthésiques administrés par voie intraveineuse a été la variable de résultats principale. La durée de la procédure et le nombre de dents extraites ont été les variables secondaires.
Covariables
L’âge, le sexe, et le résident le plus âgé impliqué dans la sédation.
Analyses
Une analyse statistique IBM SPSS a été utilisée pour réaliser des statistiques descriptives, des tests t de Student appariés, une analyse de la variance (ANOVA), ainsi qu’une régression linéaire multiple. Un seuil de signification de 5% (p < 0,05) a été utilisé pour toutes les analyses.
Résultats
499 patients ont été identifiés. 189 remplissaient les critères d’inclusion, et 57 d’entre eux ont déclaré consommer du cannabis. La moyenne d’âge des non-consommateurs était de 28,2 ± 7,8 ans et celle des consommateurs était de 26,6 ± 6,4 ans (p = 0,09). Les femmes représentaient 71,9% des non-consommateurs et 72,7% des consommateurs. Les consommateurs de cannabis ont reçu une dose significativement plus importante de propofol (117,5mg ± 71,3 vs. 152,5mg ± 101,8 ; p = 0,004), de midazolam (4,7mg ± 1,0 vs. 5,1mg ± 1,5 ; p = 0,01), de kétamine (40,2mg ± 15,7 vs. 46,1mg ± 16,9 ; p = 0,01), et de fentanyl (75,2μg ± 26,3 vs. 88,6μg ± 32,8 ; p = 0,002) que les non-consommateurs malgré l'extraction d'un nombre similaire de dents (4,5 ± 3,1 vs. 4,4 ± 3,5 ; p = 0,37) en un temps similaire (25,5 ± 7,3 vs. 27,3 ± 7,8 ; p = 0,06).
Conclusion
Les consommateurs de cannabis ont eu besoin de doses plus importantes de propofol, de midazolam, de kétamine, et de fentanyl que les non-consommateurs, au cours d’interventions ambulatoires de chirurgie orale et maxillo-faciale.
Daniel Ripperger et al. "Cannabis Users Require More Anesthetic Agents for General Anesthesia in Ambulatory OMS Procedures." Journal of Oral and Maxillofacial Surgery. 13 September 2023. DOI: https://doi.org/10.1016/j.joms.2023.09.008.
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